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complexité - Page 2

  • La 3éme révolution industrielle

    Le dernier livre de Jeremy Rifkin propose un nouveau récit d'une 3éme révolution industrielle organisée en 5 piliers.
    Cette révolution ambitionne le passage de l’organisation verticale traditionnelle de la société fondée sur l’énergie fossile, pour une société fondée sur des relations distribuées et coopératives dans l’ère industrielle verte émergente. Fornybar_energi.jpg
    Voici les 5 piliers de la révolution industrielle qui nécessitent d’être mis en place simultanément et toujours ensemble.
    1– Changer l’énergie pour de l’énergie renouvelable
    2- Transformer le parc immobilier en micro centrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables
    3 – Conserver et stocker l’énergie renouvelable grâce à l’hydrogène qui est l’énergie la plus répandue. Stockage dans chaque immeuble et dans l’ensemble des infrastructures.
    4- Utiliser la technologie d’Internet pour transformer le réseau électrique de tous les continents en réseau de partage de l’énergie au niveau local.
    5- Passer aux véhicules électriques (rechargeable ou à pile à combustible).

    Rifkin nous dit que nous ne sommes pas dans une crise économique mais dans une crise énergétique. Ces 5 piliers permettent de passer de la centralisation à la latéralisation c’est-à-dire à une nouvelle organisation autour des énergies renouvelables qui permettent l’autonomie locale.
    La civilisation évolue lorsqu’on change de façon d’utiliser l’énergie et la communication. En sortant des énergies fossiles (pétrole, gaz) et du nucléaire cartésien qui ne permettent pas de produire local, les Etats peuvent échapper à la logique de guerre et de domination des pays possédants de l’énergie dans laquelle ils sont inscrits pour contrôler les sources d’approvisionnement. Ainsi, la démocratisation de l’énergie menace l’ordre établi de l’énergie centralisée, remet en question le paradigme du pouvoir.
    L’énergie produite en local, dans chaque maison ou quartier, c’est plus simple et cela nous donne l’occasion de sortir de ce problème de domination et aussi de domestication de l’homme par l’homme.
    C’est pour cela que c’est si difficile pour nos gouvernants d’organiser ce changement de paradigme qui se passe aussi dans notre esprit pour une civilisation plus collaborative est plus empathique.

    Encore une démonstration que le médicament à la complexité et à nos enjeux de survie est aussi un poison pour notre système actuel.

    Notre espoir tient dans la nouvelle génération d’humain de l’Internet qui ne pensent pas gauche/droite ou capitalisme/socialisme, mais organisation centralisée ou ouverte et collaborative.

  • Les navigateurs du savoir.

    10 siècles avant JC, bien longtemps avant que les navigateurs européens osent même s’éloigner des côtes de peur de se perdre, les navigateurs polynésiens découvrent sur leurs pirogues les dizaines de milliers d’îles que forment cette splendeur d’archipels en forme un triangle entre Hawaii, la Nouvelle Zélande et l'île de Pâques.

    Abandonnant les forêts de Nouvelles Guinée, les navigateurs partent explorer et conquérir le monde jusqu’aux îles Fidji, Samoa et Tonga. 500 ans avant Christophe Colomb, les polynésiens avaient déjà peuplé presque tous les archipels du Pacifique en 80 générations seulement. Ils embarquaient sur des catamarans découverts, construits avec des outils de corail de pierre et d’os humain. Les voiles étaient en pandanus tissés, les lattes assemblées avec de la fibre de coco, le calfatage en résine d’arbre à pain.La navigation se faisait sans instrument.

    Les colons occidentaux se sont longtemps demandés d’où venaient les peuples des îles et bâtirent des tas de théories de perte en mer, de dérives etc…qui avaient comme point commun de nier les compétences des ingénieux et intrépides navigateurs. Aujourd’hui, nous savons non seulement que les polynésiens exploraient et colonisaient les mers et les îles, mais qu’ils avaient aussi établi des lignes commerciales maritimes régulières. Pahi Lewis29.jpg

    Le génie des anciens polynésiens* ne peut se comprendre qu’à travers les éléments fondamentaux de leur univers : le vent, les vagues, les nuages, les étoiles, le soleil, les oiseaux -croiser une sterne blanche signifie que la terre est à moins de 200 Km- la lune, les poissons et l’eau. Chacun de ces éléments donne des indices précieux à qui sait les lire. Les navigateurs ont percé à travers les siècles le secret de la grande eau, la physique et la métaphysique des vagues. Rien ne leur échappe, sa salinité, son goût, sa température, ses débris de plantes et ses cinq types de houle.
    A l’exemple des savants, le navigateur traditionnel apprend par l’expérience directe et par la mise à l’épreuve des hypothèses, avec des informations qui proviennent de toutes les branches des sciences naturelles, de l’astronomie, du comportement animal, de la météorologie et de l’océanographie. La formation se poursuivait pendant toute la vie et nécessitait énormément d’investissement et de discipline, pour finir récompensée par le plus haut niveau de prestige dans une société où le statut était tout.

    En 1975, sous l’initiative du navigateur marquisien Nainoa Thompson , l’Hokule’a prend la mer pour un voyage de 4400 km selon les méthodes ancestrales pour une courageuse réappropriation de leur histoire et la revendication d’un héritage de talent dérobé. Depuis ce premier voyage, le bateau a parcouru plus de 150 000 km à travers toutes les archipels avec pour seul guide, les sens du navigateur, le savoir de l’équipage, la fierté, la puissance et l’autorité de tout un peuple ressuscité.

    Les navigateurs de l’Hokule’a étaient capables de nommer et suivre près de 200 étoiles dans le ciel nocturne, connaissaient toutes les constellations. Il suffit de suivre 10 étoiles pour se guider et maintenir le cap toute une nuit en mer mais il ne suffit pas de regarder les étoiles pour savoir où l’on est, il faut savoir d’où l’on vient en mémorisant l’itinéraire que l’on a pris.
    Toutes ces compétences prises individuellement sont déjà éblouissantes, mais le génie du navigateur ne repose pas sur le détail mais sur l’ensemble, sur sa capacité à mettre tous ces éléments en lien dans un environnement en constant changement.

    La science et l’art de la navigation sont holistiques.

    Un navigateur ne dort pas, seul à la poupe, il est comme un ermite parmi l’équipage, personne ne le dérange, pour laisser son cerveau agir, sans registre, sans carte, sans compas, sans montre, sans sextant.

    Nous avons nous aussi besoin de navigateurs sur la mer agitée de la complexité mondialisée. Ce n’est pas la technologie qui doit nous guider mais bien notre connaissance et nos sens.

    C’est ce que savent faire nos sages, ceux qui vivent éloignés de l'agitation du monde et qui représentent le pouvoir noétique**. Écrasé par les pouvoirs économiques et politiques qui utilisent une pensée mécaniste et linéaire, divisent et morcellent le savoir, le pouvoir noétique n’a pas suffisamment de place et il est temps de lui rendre.


    *Pour en savoir plus: lire "les navigateurs ancestraux" de Wade Davis
    **Noétique: La Noétique (du grec ‘noûs’ : connaissance, esprit, intelligence) : C'est le domaine de la pensée, de la connaissance, de l'intelligence.