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Souvenirs du confinement

Que se passe-t-il ?
Le temps se décontracte comme un film au ralenti. Nous avons du temps. Le temps de l’humanité. Soudain l’envie de téléphoner à nos proches, aux gens que nous aimons et que nous n’avons jamais le temps d’appeler, nous aimerions le faire mais d’habitude nous y pensons le soir au coucher, « il me manque mais je n’ai pas le temps ».

Nous avons du temps. Du temps à passer avec nos enfants pour cuisiner des vieilles recettes de grand-mère, comme un besoin de retrouver les goûts transmis d’une génération à l’autre, traces de nos racines. J'ai le goût des latkes de ma grand mère et aussi des Gefilte fish que je mangeais du bout des lèvres :( Pour elle être vivante était un cadeau éternel. Pour la première fois, les gâteaux de ma grand-mère maternelle que je n'ai pas connue me manquent. C'est le temps retrouvé des vielles légendes et des dictons de nos villages. J'entends la voix de mon grand-père "si un jour tu dois partir et tout laisser derrière toi, il te restera ton savoir, ta connaissance, personne ne pourra te la prendre".
Que se passe t-il ?
Nous oublions la date exacte mais nous remarquons que la lune est à son petit croissant. Nous entendons les oiseaux, inouïs autrefois. Oui, c’est ce silence qui surprend, plus de moteur, de bruit de circulation. Un renard, une biche se risquent à nous observer. Nous remarquons les feuilles des arbres qui chaque jour grandissent, nous voyons au ralenti se déployer le printemps, spectateurs ébahis par cette beauté.
Nous recherchons les talents perdus: qui sait couper les cheveux ? Qui sait coudre ? Qui sait se débrouiller avec presque rien ?
Nous lisons, nous écrivons, nous prions, nous rions, nous réalisons des vidéos rigolotes d’effet domino avec du papier toilette. Tellement de créativité, chacun devient–il saltimbanque, que se passe-t-il ?
Nous avons du temps pour ne plus être hors sol, des habitants de nulle part entre deux avions, deux voyages, deux clients. Le réservoir d’essence rempli toutes les semaines habituellement, reste plein. Dans les jardins, chacun plante des graines de fleurs, de légumes, d'espoir.
Je garde en mémoire, les actes de résistances de la créativité et de l'humour. La santé, c'est la créativité, le contraire de tourner en rond. Il y a donc quelques chose qui se passe, il y a quelques semaines, j'entendais encore les râleries et frustrations au sujet d'un système qui fait des boucles et qui ne va nulle part. Aujourd'hui, j'observe un bel élan de créativité; une envie de faire sortir du neuf. Quelque chose du communitas. Au delà des risques, de la maladie, de la mort.
Bien-sûr, je ne sais rien de la suite de cette histoire qui s'écrit au jour le jour.
Mais je garde de cette période le souvenir d’un monde qui résiste, aux faillites, aux violences, à la peur, la pénurie, à la surveillance généralisée, un monde qui peut-être, regardera la société de consommation comme une étrangeté sans intérêt.

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