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La liberté dans le coma (2)

A lire: La liberté dans le coma. Ed de la Lenteur. 2012




L’ordinateur, diabolisé à ses débuts, est devenu un objet culte.



Il est utilisé aujourd’hui aussi pour l’organisation de la résistance et des contre-cultures de la société. C’est dans ce milieu d’ailleurs que sont inventés les premiers ordinateurs personnels (époque de la contestation de la guerre du Vietnam), avec l’utopie d’un ordinateur au service du peuple, au service des contestataires, de l’auto-organisation des gens, de la démocratie.

Pourtant, le monde moderne n’a nullement vu le triomphe de l’autonomie individuelle et de collectivités capables de s’autogouverner. Il est jusqu’ici simplement à l’âge de l’humanité où l’on aura répondu à chaque difficulté de la vie sociale – ou même à chaque difficulté de la condition humaine – par l’invention d’une nouvelle machine et ou d’une nouvelle règle abstraite et impersonnelle.

Pendant les années 60/70, il y a eu de réelles libérations mais aussi la préparation de nouvelles formes d’asservissement.
Beaucoup d’objets ont envahi nos vies nous donnant l’illusion de liberté, d’être sans contrainte : ordinateur, tablette, internet… qui donnent aux utilisateurs un sentiment de puissance, d’être sans limite, pour obtenir ce qu’ils veulent quand ils veulent.
Pourtant il y a beaucoup de désenchantement derrière ces technologies. La liberté est-ce pouvoir commander une pizza à notre souhait ? Est-ce avoir la satisfaction d’appeler nos proches à tout moment ? De glaner une information sur internet quand on en a besoin etc ?

La régression de l’anonymat est inscrite dans un mode de vie branché, bien plus que dans un projet étatique autoritaire.


Le succès de ces nouvelles technologies ne sont peut-être que le signe de notre impuissance, du peu de pouvoir sur nos vies, de la difficulté au travail, des emplois sans intérêt, sans profondeur où nous perdons notre temps et notre âme. Le fait d’être impuissant politiquement, à empêcher nos gouvernements de faire la guerre et à piller les ressources sur d’autres continents, de risquer une catastrophe nucléaire.

Nous avons aussi perdu la possibilité de façonner notre cadre de vie et de produire nos moyens d’existence. Cela ne fait pas partie des libertés du citoyen moderne. Notre liberté n’est pas définit comme cela et nous trouvons que nous pouvons être extrêmement libres sans tout cela. Nous acceptons de sous-traiter à des grandes organisations étatiques et industrielles des éléments essentiels à notre existence et renonçons à y répondre par nous-mêmes.

Les personnes se sentent délivrées et sont dans une sidération qui empêche de voir l’organisation sociale aliénante et une destruction écologique sans précèdent. C’est le paradoxe de sentir que la liberté n’est pas dans ce que les ordinateurs peuvent offrir et en même temps avoir un découragement à se poser la question.
C’est sans doute parce que la domination numérique est impersonnelle qu’elle peut se déployer sans grande résistance.

Les NTIC jouent globalement un rôle crucial dans la perpétuation de l’asymétrie entre ceux qui n’ont pas de pouvoir sur leur vie et ceux qui ont le pouvoir d’orienter la vie de tous.

« La vie privée n'est pas mise en danger par les « dérives » d'internet, elle est déjà en lambeaux, mise à sac par les assauts répétés de la société moderne au nom de la prospérité économique et de l'impératif d'élévation du niveau de vie. La surveillance, mercantile ou policière, résulte du choix collectif d'un mode de vie irresponsable. Elle est inévitable tant que les individus accepteront que des organisations géantes administrent leur existence. »




Notes

1- Le groupe Marcuse signifie : Mouvement Autonome de Réflexion Critique à l’Usage des Survivants de l’Economie.

C’est aussi un hommage à Herbert Marcuse
Citation du livre :
« Réglementée par un ensemble répressif, la liberté peut devenir un instrument de domination puissant (…). Le fait de pouvoir élire librement des maîtres ne supprime pas les maîtres ni les esclaves. Choisir librement parmi une grande variété de marchandises et de services, ce n’est pas être libre si pour cela des contrôles sociaux doivent peser sur la vie de labeur et d’angoisse – si pour cela on doit être aliéné. Et si l’individu renouvelle spontanément des besoins imposés, cela ne veut pas dire qu’il soit autonome, cela signifie seulement que les contrôles sont efficaces ». Herbert Marcuse L’homme unidimensionnel, 1964

2- Ce texte est écrit à partir du livre et d'interviews de Mathieu Amiech.

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