Histoire d'autonomie 2/3
La communauté primitive est à la fois totalité et unité.
La société (du latin socius : compagnon, associé) est un groupe d'individus unifiés par un réseau de relations, de traditions et d'institutions. (Wikipédia)
Selon Clastres, la communauté primitive est une société au sens plein du terme.
Elle est Totalité en ce qu'elle est un ensemble achevé, autonome, complet, attentive à préserver sans cesse son autonomie.
Unité, en ce que son être homogène persévère dans le refus de la division sociale, dans l'exclusion de l'inégalité.
Son unité n'est pas extérieure : elle ne laisse aucune figure de l'Un se détacher du corps social pour la représenter, pour l'incarner comme unité. C'est pourquoi le critère de l'indivision est fondamentalement politique : si le chef sauvage et sans pouvoir, c'est parce que la société n'accepte pas que le pouvoir se sépare de son être, que la division s'établisse entre celui qui commande et ceux qui obéissent et c'est aussi pourquoi dans la société primitive, c'est le chef qui est commis à parler au nom de la société : en son discours, le chef n’exprime jamais la fantaisie de son désir individuel, ni de sa loi privée, mais seulement le désir sociologique de la société à rester indivisée. Il s’appuie sur le texte d'une loi que personne n’a fixée, car elle ne relève pas de la décision humaine. Le législateur est aussi le fondateur de la société, ce sont les ancêtres mythiques, les héros culturels, les dieux. C'est de cette loi que le chef est le porte-parole : la substance de son discours c'est toujours la référence à la Loi ancestrale que nul ne peut faire progresser, car il est l'Être même de la société.