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Histoire d'autonomie 1/3

iu.jpegPierre Clastres (1934,1977), anthropologue ayant longtemps étudié les tribus Guayaki, s’intéresse aux communautés primitives. Dans son ouvrage «la société contre l’Etat », il développe la théorie selon laquelle certaines de ces communautés refusent délibérément l’organisation étatique et résistent aux tentatives de division de leurs membres et de centralisation du pouvoir. Pierre Clastres s’opposait alors à la théorie de l’évolution qui défend l’idée que l’Etat est l’aboutissement du développement d’une société primitive.

Dans Archéologie de la violence, il traite du rôle de la guerre dans les sociétés primitives.

Voici quelques idées forces.

L'idéal autarcique est un idéal anti commercial.

La société primitive a toujours été saisie comme un espace étrange incarnant la différence absolue par rapport à la société occidentale: monde sans hiérarchie, société de l’abondance mais indifférente à la possession de la richesse, chef qui ne commande pas, société sans classe, société sans État etc.

La communauté primitive c'est un groupe local formée de gens qui se lient ensemble au même endroit, sous un mode fixe ou nomade.
La maîtrise du territoire permet à la communauté de réaliser son idéal autarcique. En garantissant l'autosuffisance en ressources, elle ne dépend donc de personne, elle est indépendante.

Pierre-Clastres-e-Raipurangi-giovane-Guayaki.pngL'idéal autarcique est un idéal anti commercial.
C'est pourquoi le mode de production domestique ignore les relations commerciales que son fonctionnement économique tend précisément à exclure : la société primitive, en son être, refuse le risque, immanent au commerce, d'aliéner son autonomie, de perdre sa liberté.

Or celle des sexes, il n'y a dans la société primitive, aucune division du travail : chaque individu est en quelque sorte polyvalent, les hommes savent tout faire tout ce que les hommes doivent savoir faire, toutes les femmes savent accomplir les tâches que doit accomplir toute femme. Aucun individu ne présente d'infériorité dans l'ordre du savoir et du savoir-faire. De cette façon, il n’y a pas prise de pouvoir d'un autre plus doué ou mieux loti. D’ailleurs, la parenté de la victime aura tôt fait de décourager la vocation de l'apprenti exploiteur.
La production de surplus est parfaitement possible dans l'économie primitive mais elle est aussi totalement inutile : « L'entrepreneur ne pourra compter que sur ses propres forces, l’exploitation d'autrui étant sociologiquement impossible. Imaginons néanmoins que malgré la solitude de son effort, l'entrepreneur sauvage parvienne à constituer, à la sueur de son front, un stock de ressources dont, rappelons-le, il ne sait que faire puisqu'il s'agit là d'un surplus, c'est-à-dire d'une quantité de biens non nécessaires, en tant qu'ils ne relèvent plus de la satisfaction des besoins. Que se passerait-il ? Simplement, la communauté l'aidera à consommer ses ressources gratuites : il verrait disparaître en un clin d'œil tout son travail entre les mains et dans les estomacs, de ses voisins. Cela conduirait à l’exploitation de l'individu par lui-même ou à l'exploitation du riche par la communauté. Les sauvages sont assez sages pour ne pas s'abandonner à cette folie, la société primitive fonctionne de telle manière que l'inégalité, l'exploitation, la division sont impossibles ».

Cette société primitive en son Être est indivisée et œuvre pour le rester.

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