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noétique - Page 2

  • Les navigateurs du savoir.

    10 siècles avant JC, bien longtemps avant que les navigateurs européens osent même s’éloigner des côtes de peur de se perdre, les navigateurs polynésiens découvrent sur leurs pirogues les dizaines de milliers d’îles que forment cette splendeur d’archipels en forme un triangle entre Hawaii, la Nouvelle Zélande et l'île de Pâques.

    Abandonnant les forêts de Nouvelles Guinée, les navigateurs partent explorer et conquérir le monde jusqu’aux îles Fidji, Samoa et Tonga. 500 ans avant Christophe Colomb, les polynésiens avaient déjà peuplé presque tous les archipels du Pacifique en 80 générations seulement. Ils embarquaient sur des catamarans découverts, construits avec des outils de corail de pierre et d’os humain. Les voiles étaient en pandanus tissés, les lattes assemblées avec de la fibre de coco, le calfatage en résine d’arbre à pain.La navigation se faisait sans instrument.

    Les colons occidentaux se sont longtemps demandés d’où venaient les peuples des îles et bâtirent des tas de théories de perte en mer, de dérives etc…qui avaient comme point commun de nier les compétences des ingénieux et intrépides navigateurs. Aujourd’hui, nous savons non seulement que les polynésiens exploraient et colonisaient les mers et les îles, mais qu’ils avaient aussi établi des lignes commerciales maritimes régulières. Pahi Lewis29.jpg

    Le génie des anciens polynésiens* ne peut se comprendre qu’à travers les éléments fondamentaux de leur univers : le vent, les vagues, les nuages, les étoiles, le soleil, les oiseaux -croiser une sterne blanche signifie que la terre est à moins de 200 Km- la lune, les poissons et l’eau. Chacun de ces éléments donne des indices précieux à qui sait les lire. Les navigateurs ont percé à travers les siècles le secret de la grande eau, la physique et la métaphysique des vagues. Rien ne leur échappe, sa salinité, son goût, sa température, ses débris de plantes et ses cinq types de houle.
    A l’exemple des savants, le navigateur traditionnel apprend par l’expérience directe et par la mise à l’épreuve des hypothèses, avec des informations qui proviennent de toutes les branches des sciences naturelles, de l’astronomie, du comportement animal, de la météorologie et de l’océanographie. La formation se poursuivait pendant toute la vie et nécessitait énormément d’investissement et de discipline, pour finir récompensée par le plus haut niveau de prestige dans une société où le statut était tout.

    En 1975, sous l’initiative du navigateur marquisien Nainoa Thompson , l’Hokule’a prend la mer pour un voyage de 4400 km selon les méthodes ancestrales pour une courageuse réappropriation de leur histoire et la revendication d’un héritage de talent dérobé. Depuis ce premier voyage, le bateau a parcouru plus de 150 000 km à travers toutes les archipels avec pour seul guide, les sens du navigateur, le savoir de l’équipage, la fierté, la puissance et l’autorité de tout un peuple ressuscité.

    Les navigateurs de l’Hokule’a étaient capables de nommer et suivre près de 200 étoiles dans le ciel nocturne, connaissaient toutes les constellations. Il suffit de suivre 10 étoiles pour se guider et maintenir le cap toute une nuit en mer mais il ne suffit pas de regarder les étoiles pour savoir où l’on est, il faut savoir d’où l’on vient en mémorisant l’itinéraire que l’on a pris.
    Toutes ces compétences prises individuellement sont déjà éblouissantes, mais le génie du navigateur ne repose pas sur le détail mais sur l’ensemble, sur sa capacité à mettre tous ces éléments en lien dans un environnement en constant changement.

    La science et l’art de la navigation sont holistiques.

    Un navigateur ne dort pas, seul à la poupe, il est comme un ermite parmi l’équipage, personne ne le dérange, pour laisser son cerveau agir, sans registre, sans carte, sans compas, sans montre, sans sextant.

    Nous avons nous aussi besoin de navigateurs sur la mer agitée de la complexité mondialisée. Ce n’est pas la technologie qui doit nous guider mais bien notre connaissance et nos sens.

    C’est ce que savent faire nos sages, ceux qui vivent éloignés de l'agitation du monde et qui représentent le pouvoir noétique**. Écrasé par les pouvoirs économiques et politiques qui utilisent une pensée mécaniste et linéaire, divisent et morcellent le savoir, le pouvoir noétique n’a pas suffisamment de place et il est temps de lui rendre.


    *Pour en savoir plus: lire "les navigateurs ancestraux" de Wade Davis
    **Noétique: La Noétique (du grec ‘noûs’ : connaissance, esprit, intelligence) : C'est le domaine de la pensée, de la connaissance, de l'intelligence.

  • Alliance des civilisations

    Vu sur le site Errances narratives


    www.cooprh.com/pratiques-narratives/histoires-alternatives/une-autre-histoire.html



    J’aimerais pouvoir continuer avec eux cet échange sur les fondements de notre civilisation : la propriété, l’accumulation de biens sans limite, l’incroyable écart entre les riches et les pauvres, la servitude au travail, les sans-abri, le gaspillage de ressources vitales… Tout ce qui ne peut pas exister dans la plupart des sociétés traditionnelles car les systèmes sociaux et culturels sont conçus pour y veiller.

    « et nous nous battrons pour que vous ne souillez pas notre Terre ».


    Le défi de la prochaine ère est de sortir des phantasmes de l'unité et de redonner leur place à ces autres récits pour construire une histoire alternative, une histoire permettant une alliance entre les cultures traditionnelles (même si ce raccourci bien-sur ne témoignent pas de l’immense diversité de ces cultures) et celle de notre culture du progrès.
    Allier d'un côté la vision traditionnelle de l’homme comme faisant partie de la nature et attentifs aux équilibres sociaux et environnementaux et de l'autre notre capacité à la connaissance et à la création.

    Pour refaire l’alliance, c’est une révolution qui se préparent pour sortir de la modernité finissante. Ces nouveaux fondements culturels vont forcément bousculer nos philosophies humanistes, nos religions monothéistes et dualistes, nos logiques cartésiennes et mécanistes.

    Cette période charnière si elle est passionnante et enthousiasmante ouvre aussi des risques aux dérives intégristes. Lorsque les nouvelles histoires possibles deviennent des dogmes, c’est déjà la fin de l’alliance et de la création. Mais pourrons-nous l’éviter ? Sûrement pas, il nous reste à chacun trouver notre force à l’intérieur pour tenir dans le chaos.

  • Quel avenir pour l’idée de la noosphère ?

    Comme toutes les idées, intuitions, visions, l’on peut se demander quel sera son avenir ?
    La noosphère propose une idée « visuelle » d’un passage de la société moderne à la société de la connaissance. C’est donc de l’idée même de ce passage qu’il s’agit. (cf: note précédente "vivre en avant")
    Quel avenir pour la révolution noétique (Idée développée par Marc Halévy) ?
    Va t-elle s’effriter et mourir ?
    Vivoter de façon marginale ?
    Va t-elle éclairer les siècles à venir ?
    Ou bien s’imposer à nous comme une réalité ?
    D’ailleurs, est-ce juste une idée ou une réalité encore peu identifiable ?
    L’avenir nous le dira.
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    Pourtant cette idée fait son chemin, développée entre les 2 guerres, contestée et mise de côté, elle reprend force grâce à Internet.
    Cette idée vit sous de multiples formes depuis 5000 ans, et inspire spiritualités et philosophies de nombreuses écoles.
    Dans les films Inception et Matrix, elle germe dans une version hollywoodienne.
    Il y a aujourd’hui une remise en question profonde et durable de notre modèle de vie, de la responsabilité humaine, du sens des existences. Il y a une telle quête de sens chez les hommes qu’il semble improbable que nous ne fassions seulement dans l’avenir qu’un peu plus de la même chose.
    Le passage noétique est l’invitation à une autre conception de vie. C’est la recherche du plus être, plutôt que du bien-être.
    De ce fait, notre quotidien dans l’actuel paradigme ressemble davantage à une agitation généralisée du monde qu’à des actes vraiment utiles à notre accomplissement.
    Si cette idée de noosphère et de mutation noétique vit, comment se déploiera t-elle ? Par généralisation ou par scission ?
    D’un côté ceux, nombreux, qui se préoccupent du comment sortir de la crise pour produire plus et consommer plus et cherchent toutes les offrandes possibles pour servir le totem de la croissance et des bulles spéculatives.
    Plus avant, d’autres imaginent des voies de devenir pour l’homme. Ils pressentent que, ce que les modernistes (ceux de la société moderne actuelle) appellent la crise, n’est qu’un soubresaut de plus d’une agonie annoncée.
    Pour cela, mille voies sont explorées Chacun avec sa créativité et ce qu’il est. Ils se mettent au service pour l’émergence de cette sphère pensante (connaissance et conscience) et de la Terre souffrante (frugalité et responsabilité). Mais ce chemin est toujours celui d’une exploration de soi, un travail d’intériorité pour faire progresser notre conscience. Cette révolution prend sa source dans l’évolution de chacun en tant que personne. Chaque être est unique, précieux et mystérieux et chaque être peut déployer son talent qu’il soit manuel, intellectuel, artistique, relationnel.

    L’invitation noétique c’est aussi sortir de la domestication de la société mécaniste que nous avons créé. Sortir de la rationalisation pour réapprendre à utiliser nos 2 cerveaux et nos autres capacités endormies. La société moderne n’est alors qu’une étape. Cette étape se termine car elle ne nous permet plus aujourd’hui de prendre soin de la planète qui est notre maison et elle ne nous permet pas suffisamment d’évoluer individuellement et collectivement.

    Nous ne savons pas ce qu’il sera mais j’aime l’idée que nous sommes chacun responsables de son devenir, c’est déjà une liberté dont il faut prendre soin.
    Le résultat nos recherches personnelles inspire alors profondément le choix de nos actions.

    Cela peut être d’avoir l’ambition de vouloir faire son métier le mieux possible et de servir une finalité qui a du sens. Il y a des entreprises qui sont dans cette philosophie, le profit est alors une conséquence de leur excellence et de leur cohérence et non un but.

    Ce sont par les actions et les paroles que nous distinguons les modernistes des noétiques (qui se retrouvent souvent dans les créatifs culturels). Dans les paroles des médias, chez les acteurs économiques et sociaux, dans notre entourage. En portant notre attention, nous savons s’ils sont modernistes, c’est-à-dire les défenseurs de notre paradigme en déclin ou bien s’ils pensent et agissent déjà autrement. La grande majorité est encore celle des modernistes. Les éclaireurs noétiques sont peu nombreux, ni de droite, ni de gauche.
    Ils sont toujours « en avant ».