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société - Page 4

  • S’éloigner des agitations du monde et développer son intériorité.

    Dans notre civilisation, la difficulté n’est plus d’aller chercher les ressources de base à notre survie, mais de se protéger, de protéger son être profond, son identité contre les incessantes sollicitations, le bruit, les images et les agressions des sens.

    La saturation est telle, que la richesse ne se montre plus par l’accumulation de biens mais au contraire par le dépouillement. L'espace, le silence et un environnement sain deviennent rares et chers.
    Nous sommes égarés dans la modernité. Notre temps est celui de la consommation. Nous sommes domestiqués pour la servir. Le mode de vie engendré par notre civilisation est tout organisé pour nous couper de nous-même, nous sommes tout entiers appelés à l’extérieur. Et pourtant c’est de l’intérieur que nous nous connectons à notre environnement, aux autres, c’est là que nous rencontrons notre ultime liberté et notre joie profonde.
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    La plus grande transgression du siècle est sans doute de s’éloigner des agitations du monde : mondanités, vie sociale stérile, actualités, bruits incessants des villes, bavardages, informations inutiles. Tous ces bruits qui nous empêchent d’entendre l’appel de notre vocation et de sentir les signaux faibles qui guident notre intuition et nos actions. S’en éloigner, c’est reprendre le cours de notre temps et retrouver de la puissance pour notre accomplissement.

  • Histoire d'autonomie 3/3

    Pour Pierre Clastres, l'examen des faits ethnographiques démontre la dimension proprement politique de l'activité guerrière.
    La capacité guerrière de chaque communauté est la condition de son autonomie. Les guerres périodiques apparaissent comme le principal moyen d'empêcher le changement social.
    Voici donc comment apparaît concrètement la société primitive : une multiplicité de communautés séparées, chacune veillant à l'intégrité de son territoire, une série de communauté de nomades dont chacune affirme face aux autres sa différence. Chaque communauté en tant qu'elle est indivisée, peut se penser comme un Nous.
    C'est face aux communautés des bandes voisines qu’une communauté se pose et se pense comme différence absolue, liberté irréductible, volonté de maintenir son être comme totalité.

    Dans ce contexte la guerre est une condition de vie de la société.


    iu-1.jpegChaque communauté refuse de s'identifier aux autres, de perdre ce qui la constitue comme telle, la capacité de se penser comme un Nous autonome.
    Dans l'identification de tous à tous, ce qu’entraînerait l'échange généralisé et l'amitié de tous avec tous, chaque communauté perdrait son individualité.
    La logique de l'identité donnerait lieu à une sorte de discours égalisateur « nous sommes tous pareils ! ». Ce serait abolir la distinction du Nous et de l'Autre, c'est la société primitive elle-même qui disparaîtrait.
    Chaque communauté a besoin pour se penser comme Totalité une, de la figure opposée de l'étranger ou de l'ennemi. Ainsi, la possibilité de la violence est inscrite d'avance dans les sociétés primitives. La guerre est une structure de la société primitive et non l'échec accidentel d'un échange manqué.

    Mais cette guerre doit être circonscrite.
    Dans le cas d'une guerre de tous contre tous elle perdrait, par irruption de la division sociale, son caractère d'unité homogène : la société primitive ne peut consentir à la paix universelle qui aliène sa liberté, elle ne peut s'abandonner à la guerre générale qui abolit son égalité.
    Il n’est possible chez les sauvages ni d'être l'ami de tous, ni d'être l'ennemi de tous.

    Qu'est-ce que l'État ? C'est le signe achevé de la division dans la société, en tant qu'il est l'organe séparé du pouvoir politique : la société est désormais divisée entre ceux qui exercent pouvoir et ceux qui le subissent. La société n'est plus un Nous, une totalité une, mais un corps morcelé, un être social hétérogène. La division sociale, l'émergence de l'État, sont la mort de la société primitive.
    Le meilleur ennemi de l'État c'est la guerre.
    Inspiré par Hobbes, Pierre Clastres conclue : La guerre empêche l'État, l'État empêche la guerre.

  • Histoire d'autonomie 2/3

    La communauté primitive est à la fois totalité et unité.

    La société (du latin socius : compagnon, associé) est un groupe d'individus unifiés par un réseau de relations, de traditions et d'institutions. (Wikipédia)

    Selon Clastres, la communauté primitive est une société au sens plein du terme.
    Elle est Totalité en ce qu'elle est un ensemble achevé, autonome, complet, attentive à préserver sans cesse son autonomie.
    Unité, en ce que son être homogène persévère dans le refus de la division sociale, dans l'exclusion de l'inégalité.

    iur.jpeg Son unité n'est pas extérieure : elle ne laisse aucune figure de l'Un se détacher du corps social pour la représenter, pour l'incarner comme unité. C'est pourquoi le critère de l'indivision est fondamentalement politique : si le chef sauvage et sans pouvoir, c'est parce que la société n'accepte pas que le pouvoir se sépare de son être, que la division s'établisse entre celui qui commande et ceux qui obéissent et c'est aussi pourquoi dans la société primitive, c'est le chef qui est commis à parler au nom de la société : en son discours, le chef n’exprime jamais la fantaisie de son désir individuel, ni de sa loi privée, mais seulement le désir sociologique de la société à rester indivisée. Il s’appuie sur le texte d'une loi que personne n’a fixée, car elle ne relève pas de la décision humaine. Le législateur est aussi le fondateur de la société, ce sont les ancêtres mythiques, les héros culturels, les dieux. C'est de cette loi que le chef est le porte-parole : la substance de son discours c'est toujours la référence à la Loi ancestrale que nul ne peut faire progresser, car il est l'Être même de la société.