S’éloigner des agitations du monde et développer son intériorité.
Dans notre civilisation, la difficulté n’est plus d’aller chercher les ressources de base à notre survie, mais de se protéger, de protéger son être profond, son identité contre les incessantes sollicitations, le bruit, les images et les agressions des sens.
La saturation est telle, que la richesse ne se montre plus par l’accumulation de biens mais au contraire par le dépouillement. L'espace, le silence et un environnement sain deviennent rares et chers.
Nous sommes égarés dans la modernité. Notre temps est celui de la consommation. Nous sommes domestiqués pour la servir. Le mode de vie engendré par notre civilisation est tout organisé pour nous couper de nous-même, nous sommes tout entiers appelés à l’extérieur. Et pourtant c’est de l’intérieur que nous nous connectons à notre environnement, aux autres, c’est là que nous rencontrons notre ultime liberté et notre joie profonde.

La plus grande transgression du siècle est sans doute de s’éloigner des agitations du monde : mondanités, vie sociale stérile, actualités, bruits incessants des villes, bavardages, informations inutiles. Tous ces bruits qui nous empêchent d’entendre l’appel de notre vocation et de sentir les signaux faibles qui guident notre intuition et nos actions. S’en éloigner, c’est reprendre le cours de notre temps et retrouver de la puissance pour notre accomplissement.
Chaque communauté refuse de s'identifier aux autres, de perdre ce qui la constitue comme telle, la capacité de se penser comme un Nous autonome.
Son unité n'est pas extérieure : elle ne laisse aucune figure de l'Un se détacher du corps social pour la représenter, pour l'incarner comme unité. C'est pourquoi le critère de l'indivision est fondamentalement politique : si le chef sauvage et sans pouvoir, c'est parce que la société n'accepte pas que le pouvoir se sépare de son être, que la division s'établisse entre celui qui commande et ceux qui obéissent et c'est aussi pourquoi dans la société primitive, c'est le chef qui est commis à parler au nom de la société : en son discours, le chef n’exprime jamais la fantaisie de son désir individuel, ni de sa loi privée, mais seulement le désir sociologique de la société à rester indivisée. Il s’appuie sur le texte d'une loi que personne n’a fixée, car elle ne relève pas de la décision humaine. Le législateur est aussi le fondateur de la société, ce sont les ancêtres mythiques, les héros culturels, les dieux. C'est de cette loi que le chef est le porte-parole : la substance de son discours c'est toujours la référence à la Loi ancestrale que nul ne peut faire progresser, car il est l'Être même de la société.