UA-110137006-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

IDEHO - Page 31

  • Les navigateurs du savoir.

    10 siècles avant JC, bien longtemps avant que les navigateurs européens osent même s’éloigner des côtes de peur de se perdre, les navigateurs polynésiens découvrent sur leurs pirogues les dizaines de milliers d’îles que forment cette splendeur d’archipels en forme un triangle entre Hawaii, la Nouvelle Zélande et l'île de Pâques.

    Abandonnant les forêts de Nouvelles Guinée, les navigateurs partent explorer et conquérir le monde jusqu’aux îles Fidji, Samoa et Tonga. 500 ans avant Christophe Colomb, les polynésiens avaient déjà peuplé presque tous les archipels du Pacifique en 80 générations seulement. Ils embarquaient sur des catamarans découverts, construits avec des outils de corail de pierre et d’os humain. Les voiles étaient en pandanus tissés, les lattes assemblées avec de la fibre de coco, le calfatage en résine d’arbre à pain.La navigation se faisait sans instrument.

    Les colons occidentaux se sont longtemps demandés d’où venaient les peuples des îles et bâtirent des tas de théories de perte en mer, de dérives etc…qui avaient comme point commun de nier les compétences des ingénieux et intrépides navigateurs. Aujourd’hui, nous savons non seulement que les polynésiens exploraient et colonisaient les mers et les îles, mais qu’ils avaient aussi établi des lignes commerciales maritimes régulières. Pahi Lewis29.jpg

    Le génie des anciens polynésiens* ne peut se comprendre qu’à travers les éléments fondamentaux de leur univers : le vent, les vagues, les nuages, les étoiles, le soleil, les oiseaux -croiser une sterne blanche signifie que la terre est à moins de 200 Km- la lune, les poissons et l’eau. Chacun de ces éléments donne des indices précieux à qui sait les lire. Les navigateurs ont percé à travers les siècles le secret de la grande eau, la physique et la métaphysique des vagues. Rien ne leur échappe, sa salinité, son goût, sa température, ses débris de plantes et ses cinq types de houle.
    A l’exemple des savants, le navigateur traditionnel apprend par l’expérience directe et par la mise à l’épreuve des hypothèses, avec des informations qui proviennent de toutes les branches des sciences naturelles, de l’astronomie, du comportement animal, de la météorologie et de l’océanographie. La formation se poursuivait pendant toute la vie et nécessitait énormément d’investissement et de discipline, pour finir récompensée par le plus haut niveau de prestige dans une société où le statut était tout.

    En 1975, sous l’initiative du navigateur marquisien Nainoa Thompson , l’Hokule’a prend la mer pour un voyage de 4400 km selon les méthodes ancestrales pour une courageuse réappropriation de leur histoire et la revendication d’un héritage de talent dérobé. Depuis ce premier voyage, le bateau a parcouru plus de 150 000 km à travers toutes les archipels avec pour seul guide, les sens du navigateur, le savoir de l’équipage, la fierté, la puissance et l’autorité de tout un peuple ressuscité.

    Les navigateurs de l’Hokule’a étaient capables de nommer et suivre près de 200 étoiles dans le ciel nocturne, connaissaient toutes les constellations. Il suffit de suivre 10 étoiles pour se guider et maintenir le cap toute une nuit en mer mais il ne suffit pas de regarder les étoiles pour savoir où l’on est, il faut savoir d’où l’on vient en mémorisant l’itinéraire que l’on a pris.
    Toutes ces compétences prises individuellement sont déjà éblouissantes, mais le génie du navigateur ne repose pas sur le détail mais sur l’ensemble, sur sa capacité à mettre tous ces éléments en lien dans un environnement en constant changement.

    La science et l’art de la navigation sont holistiques.

    Un navigateur ne dort pas, seul à la poupe, il est comme un ermite parmi l’équipage, personne ne le dérange, pour laisser son cerveau agir, sans registre, sans carte, sans compas, sans montre, sans sextant.

    Nous avons nous aussi besoin de navigateurs sur la mer agitée de la complexité mondialisée. Ce n’est pas la technologie qui doit nous guider mais bien notre connaissance et nos sens.

    C’est ce que savent faire nos sages, ceux qui vivent éloignés de l'agitation du monde et qui représentent le pouvoir noétique**. Écrasé par les pouvoirs économiques et politiques qui utilisent une pensée mécaniste et linéaire, divisent et morcellent le savoir, le pouvoir noétique n’a pas suffisamment de place et il est temps de lui rendre.


    *Pour en savoir plus: lire "les navigateurs ancestraux" de Wade Davis
    **Noétique: La Noétique (du grec ‘noûs’ : connaissance, esprit, intelligence) : C'est le domaine de la pensée, de la connaissance, de l'intelligence.

  • 2012 - Retrouver l’esprit du cercle.

    Cerczen5.gifEn ce début d’année, j‘ai envie de rendre hommage à la biodiversité humaine. À l’incroyable ingéniosité de l’homme pour vivre, prospérer et répondre à la question « quel est le sens de la vie pour un être humain » ?

    images.jpeg
    Notre modèle de vie n’est pas le seul possible et ne sera évidemment pas le dernier. Il y a des milliers de manières passées, existantes et futures, d’interagir avec la planète, de concevoir notre place d’humain, d’organiser la société et les relations, de satisfaire nos besoins et de régler nos problèmes du quotidien. Ces cultures sont souvent millénaires et prennent racines dans leur histoire et leur lieu de vie.

    À l’heure où, sous nos latitudes, la nature est en sommeil, je pose le vœux du respect et du soutien de cette toile magnifique tressée des innombrables anthropologies.

    Peut-être serez-vous étonnés de cette attention portée à la santé des peuples et des tribus? C'est une urgence de préserver nos patrimoines immatériels: pensées, intuitions, croyances, mythes, idées, rêves et imaginaire. La biodiversité des cultures et des communautés humaines est un don d’espoir et je ne peux me résoudre à participer à un monde uniforme où ne subsisterait qu’une forme de pensée et d'organisation sociale. images.jpeg
    La diversité est source d’inspiration, elle transmet des savoirs magnifiques d'autant plus précieux lorsqu'ils sont à l'opposé des nôtres : être une partie du Tout, vivre sans accumulation, sans Etat, sans propriété...Ils nous rappellent que tout est possible et que ce que nous appelons les lois économiques ne sont en fait qu'une construction sociale dominante.

    Quelle civilisation serait la nôtre, si la richesse devenait la connaissance, l'intelligence et les interconnexions qui la rendent possible?

    Si le respect de toutes les cultures aboutissait à la souveraineté de l’esprit et à l’autonomie alimentaire des peuples ?

    Retrouvons la force du cercle pour l’avenir, pour réussir à passer le pont de notre mutation de civilisation.




    1-Le cercle : Il représente le tout fini et infini, l'unité et le multiple, le plein et la perfection.

  • Choisir le respect des cultures.

    Les découvertes récentes en génétique tendent à démontrer que les humains seraient tous issus d’une même lignée en provenance de l’Afrique. Le peuple des San (Bushmen) du Kalahari, rendus célèbres par le film « les Dieux sont tombés sur la tête », serait l’un des premiers de l’arbre généalogique de l’humanité et ainsi la culture la plus ancienne existante.
    images.jpegGrâce à un savoir précis, à leur langue (merveille de la linguistique avec ses 140 sons, l’anglais en comporte 31), leur don de la dissimulation, leur génie de l’adaptation et de la compréhension de leur milieu, ces hommes et ces femmes nomades chasseurs-cueilleurs ont été les seuls à survivre dans l‘un des déserts les plus hostiles de la planète où il n’y a pas d’eau, 10 mois sur 12. Pendant peut-être 10.000 ans, ils ont suivi le rythme de leur monde naturel, jusqu’au début du XXe siècle, où la modernité et l'avidité qui est son fondement, les a rattrapés pour écraser leur culture sous l’alcool, l’éducation et les fausses promesses du développement.

    La domination de notre civilisation est à son apogée de destruction. 50% des peuples d’autres cultures disparaissent en cascade, sous nos yeux en l’espace d’une ou de deux générations. Si les génocides sont condamnés, les ethnocides sont encore considérés comme normaux, inéluctables. La France, grande donneuse de leçons sur les droits de l’Homme, continue à assimiler les peuples indigènes de Guyane, notamment grâce à la toute puissante Education Nationale dont les programmes rigides et hermétiques aboutissent à une disqualification des mythes, croyances, et organisations locales et à éloigner les peuples autochtones de leur mode de vie qui leur assure autonomie et indépendance. L'Etat français ne respecte pas ses lois sur l'ouverture et la protection des langues et cultures régionales et déploie sa grande machine à homogénéiser. Dans la pratique certains fonctionnaires, plus conscients, ferment les yeux sur les absences des jeunes amérindiens partis chasser ou pêcher.

    Détruire les cultures, les langues, les modes de vie, c’est entraîner des peuples entiers dans la pauvreté, l’esclavage et la mort. La civilisation de la modernité que nous imposons n’est pas une finalité, mais une forme culturelle d’adaptation comme une autre et qui agonise.
    Gardons à l’esprit que ce nous sommes capables de détruire, nous pouvons aussi le préserver. Ce sont des choix que nous pouvons tous faire.



    Pour en savoir plus sur l'actualité brûlante des Bushmen
    http://www.survivalfrance.org/peuples/bushmen