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anthropologie - Page 5

  • A qui appartient la nature?

    La cosmogonie aborigène incarne l’idée que la pensée a créé toute matière. La Terre, les hommes, les plantes, les animaux ne sont que des parties d’un même Tout. Donc les hommes ne peuvent pas posséder de terre ou d’animaux.

  • Joie et beauté

    Les indiens Navajos célèbrent les A’wee Chi’deedloh, en l’honneur du premier rire d’un bébé. Ils ne fêtent pas la naissance mais la première manifestation de joie avant laquelle on considère que l’enfant vit entre deux mondes, celui des êtres sacrés et celui des humains. Son premier rire signale que son âme a rallié son corps, il est prêt à se joindre au peuple de la Terre.


  • Réparer ce qui a été détruit.

    Scène de la vie quotidienne en métamorphose

    « Adam Smith n’avait pas forcément raison, ce qui est économiquement bon pour l’individu, ne l’est pas forcément pour la société » Dan O’Brien.


    Dan O 'Brien tient un ranch dans les grandes plaines de l’ouest (USA).
    Au départ de son aventure, il y a son désir de vivre sur les terres sauvages des plaines. Pour vivre là, il n’y a qu’une façon de gagner sa vie : élever du bétail. Alors il devient éleveur de vaches. Très vite il se rend compte que les habitudes de l’élevage classique ne permettent pas de préserver l’espace naturel. Le terrain est trop foulé aux mêmes endroits et l’herbe ne peut pas suffisamment pousser. Les espèces d’insectes, d’oiseaux qui nichent dans les herbes hautes disparaissent. La diversité des plantes s’atténue et entraîne un déséquilibre général et la disparition de nombreuses espèces. L’hiver, la couche protectrice de l’herbe ne retient plus l’eau et ne protége plus du froid . En été, elle ne retient plus l’humidité. L’élevage des vaches appauvrit le territoire des grandes plaines. Alors, pour compenser, les éleveurs utilisent des compléments alimentaires. Les vaches trop fragiles pour ces territoires sont encore plus affaiblies par une alimentation pauvre. Elles ont alors besoin de vaccins et de tout un tas de soins vétérinaires et d’interventions humaines extrêmement coûteux.

    La vocation de Dan ’O Brien est de vivre dans ces merveilleuses plaines et non d’élever du bétail. Lorsqu’il comprend que l’élevage des vaches classique est néfaste à la biodiversité, il évolue vers un élevage plus extensif. Il gagne en temps et réalise des économies. L’herbe devient plus belle, haute et grasse. Mais la vache est quand même trop fragile (surtout les charolaises importées pour son bon rendement laitier) et surtout trop sédentaire. Les troupeaux ne s’éloignent pas des étendues d’eau (principalement artificielles) et continuent à manger l’herbe jusqu’à épuisement.

    Unknown-1.jpegUn jour, il découvre le bison. Le bison qui a disparu de ces terres, a frôlé l'extinction, massacré par nos fusils pour un business juteux.
    Le bison est complètement adapté à cet habitat, il n’est pas malade, supporte le froid et les grosses chaleurs, il sait suivre les petits ruisseaux et faire jaillir de ses cornes l’eau des terres arides ou gelées, permettant ainsi à de nombreuses espèces animales et végétales de vivre. Il prend soin de l’herbe, n’abîme pas les arbres. Il a en plus l’avantage d’être très diététique (moins gras que le poulet) et goûteux.
    Alors O’Brien a cette idée folle de faire revenir les bisons qui n’ont plus foulé ses terres depuis 150 ans. Tout cela, en prenant de gros risques financiers et en défiant toutes les logiques de profit.
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    Cet exemple illustre bien que nos décisions et nos stratégies sont bien liées à un désir, un rêve, une certaine vision du monde. Si O’Brien n’était pas tombé amoureux de ces Grandes Plaines, s’il n’avait pas écouté cet appel profond, jamais il n’aurait retrouvé la trace des bisons, jamais il n’aurait vu revivre sa terre. Dans cette aventure, O’brien a réussi à gagner sa vie (suffisamment) en réduisant au maximum l’empreinte écologique de son activité et en remplissant sa mission d’agriculteur qui est de nourrir d’autres personnes avec des produits sains et accessibles.
    Le bison devenant à la mode, la machine économique s’engouffre dans cette nouvelle niche pour en faire du super business. O’Brien a dû résister à toutes les tentations pour ne pas « vacheïser » son élevage , pour ne pas transformer le bison en produit de consommation et le respecter comme animal sauvage. O'Brien sait que c'est par son comportement sauvage que le bison joue son rôle de sauveur des grandes plaines.

    Dan O’Brien est fier de son travail. Ce n’est pas la fierté d’une réussite sociale, ni celle de l’argent gagné, non.
    Il est fier de sa contribution au monde.
    Et il peut être fier d’avoir contribué à réparer ce qui été détruit et d'utiliser son savoir d’humain pour rétablir ce qu’il appelle le chaînon manquant de la santé des Grandes Plaines. Car c’est bien le paradoxe de notre époque: l’homme crée les déséquilibres, mais il est aussi le seul (tant qu’il est sur terre) à pouvoir les réparer, en agissant ou en contraire en ne faisant rien.

    images-2.jpegDroit dans ses bottes de cow-boy de l’ouest , il a fallu presque 20 ans à O’Brien pour entendre l’appel de son cœur. Peut-être parce qu’il était particulièrement en cohérence avec lui-même et avec l’univers, il a réussi sa mutation. Il rayonne suffisamment pour que de ma Brie française j’en sois émue. C’est un bel exemple de courage, de courage d’aller au bout de soi. En suivant sa vocation, il a osé basculer et sortir du modèle classique, son action a ouvert la porte à la biodiversité qui a fait son œuvre, celle de la vie.

    Voici un bel artisan de la métamorphose.


    images-1.jpeg « Arrête de causer et agis !» devise de la Wild Idea Buffalo